Le dojo de la Charrette va accueillir en 2024-2025, et pour la troisième année consécutive, ses activités de peinture sumi-e et de Tai Chi Chuan.

La peinture sumi-e est un mouvement de la peinture extrème-orientale (Chine, Corée, Japon) qui se pratique à l’encre de chine sur papier de riz. Largement inspiré par les approches philosophiques et spirituelles du Taoïsme et du bouddhisme Chan (Zen en japonais), ce style est aussi fortement connecté à l’écriture chinoise qui se pratique traditionnellement avec les mêmes instruments - un calligraphe dira indifféremment qu’il peint un poème ou qu’il écrit un paysage.

Mais, si calligraphier des caractères chinois requiert un long entraînement – la moindre maladresse rompant l’équilibre harmonieux des traits – peindre un paysage de montagne est un exercice plus tolérant, et contrairement à ce qui est souvent affirmé, il n’est pas indispensable de pratiquer de longues années pour atteindre un résultat honorable et se faire plaisir. En témoignent les œuvres présentées lors de l’exposition qui s’est tenue au Campus des Métiers de la Montagne, à côté du local de l’UnivPop, en juin 2024 : œuvres réalisées après seulement deux années de pratique.

Peut-être pensez-vous être ‘nul en dessin’ comme d’autres se disent ‘nul en maths’ ; mais le dessin n’est-il pas raté parce que nous tentons de reproduire une image mentale préconçue, les doigts crispés sur un crayon ? En réalité, nul besoin d’être ‘bon en dessin’ ou d’avoir déjà pratiqué des arts graphiques pour se lancer, et vous pouvez oublier tout ce que vous savez ou croyez sur le dessin. Car le sumi-e se pratique comme un ensemble de gestes qui mobilisent le corps tout entier. Or notre corps a bien moins de préjugés que notre intellect et quand nous faisons confiance à sa capacité innée d’imitation, il est capable de nous procurer des satisfactions inattendues … et le pinceau, l’encre et le papier feront le reste !
En ce sens nous sommes très proche du Tai Chi Chuan que nous proposons de pratiquer en parallèle.

Cependant, la peinture sumi-e s’appuie sur une longue tradition et pour guider nos premières traces, nous serons accompagnés de quatre gentilshommes – l’orchidée, le bambou, le prunus et le chrysanthème –  dont la fréquentation permet d’acquérir toute une gamme de gestes qui seront réinvestis dans la peinture de paysage, le thème préféré des peintres sumi-e.
En chinois, paysage se dit shan shui, littéralement ‘montagne et eau’.

«Le pinceau suspendu à la main, tous les possibles restent en attente.
Se laisser surprendre.S’étonner.
Puis reconnaître très vite que la vie nous attendait là où nous ne l’attendions pas.
Accepter l’imprévisible.»
Robert Faure
« L’esprit du geste » Edition du chêne 2004